entete Espace B

   

Espace B

Isabelle Happart

Les portraits (le plus souvent de proches) et autoportraits d'Isabelle Happart sont comme des lames ou plutÙt comme des pointes acérées, aigues, sauf qu'elles ne coupent ni ne blessent au contraire, et sans complaisance envers l'autre comme d'elle-même, ils sont en empathie avec le monde, ils dévoilent une générosité sans mièvrerie.

Ils mettent à nu- comme une blessure qui serait refermée- d'anciennes cicatrices existentielles ou le sentiment de solitude, d'angoisse et d'une peur- qu'il ne nous appartient pas de nommer- nous confronte à la conscience de nos desseins.

Ces gravures ont un poids- une gravité- ils sont ancrés dans une réalité sans anecdotes.
L'écriture de la griffe tire le sujet vers le bas, vers un hypothétique sol.
Dans un même temps, paradoxalement, l'ouvert des surfaces, la respiration des blancs du papier exprime le sentiment d'absence, d'inachevé et nous jette dans un trouble qui nous habite.

Je revois ce (premier ?) et très bel autoportrait de 94, visage d'adulte/enfant dans le regard, très finement le poète Serge Meurant note « ...le geste familier des rêveurs habités par la mélancolie...ou le visage repose dans la main... ». On retrouve cette même attitude dans certains portraits de Françoise G. par Picasso.
Le souvenir de quelques eaux-fortes- à peine plus grandes qu'un grand timbre-poste - de mains (thème récurent me dit Isabelle), les doigts tendus, ouverts vers l'autre, dans une écriture souple, aéré, viennent -pour moi- en contre point de l'écriture plus serrée plus dense des figures.

Les paysages -aquatintes- par ailleurs aussi aériens nous disent l'étrangeté de ces lieux traversés, saisi dans une énigmatique réalité, nous parlent également de notre solitude.  

Arié Mandelbaum
Juin 2009

Exposition à l'Espace B

Texte de Arié Mandelbaum

Texte de Serge Meurant

Texte de Michel Voiturier

  
© Espace B asbl