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Isabelle Happart

Pour Isabelle Happart, le monde se visite par les paysages. Les êtres s'y inscrivent et se dévoilent tels des panoramas. La manière de présenter terres et êtres se nourrit de tendresse, de finesse, d'élégance. Si l'oeil pénètre dans l'intimité d'un territoire ou dans celle d'une personne, il n'est pas celui d'un voyeur. Ce serait plutÙt celui d'un proche qui se laisse envahir par une familiarité complice.

Des silhouettes s'apposent sur la blancheur du papier. Elles respirent en une sorte de chorégraphie.

Il y a de la translucidité dans leur corps mais aussi une épaisseur que traduisent des densités de matière différentes. Car l'art de la créatrice est là : user de moyens plastiques pour donner vie à des chairs, à des muscles, à des expressions sans recourir à la minutie réductrice d'un réalisme soumis aux aspects extérieurs.

Happart incite à deviner, à partager l'impalpable d'un aveu, d'un mouvement suspendu. Et lorsqu'elle use d'un dessin plus traditionnel pour réaliser des portraits, elle évite le piège du photographique.

Elle trace l'essentiel d'un trait léger. Les parties physiques sur lesquelles elle s'attache, elle les burine en accumulant des lignes dont la concentration suscite à la fois des ombres, des reliefs et des rides.

Les incisions pratiquées dans le métal qui servira à imprimer la gravure sont vives, nerveuses. Elles témoignent des marques laissées sur un visage par l'existence. Elles donnent de la profondeur au personnage, forçant le regard à percevoir la part intérieure de l'individu.

A travers une autre série, Happart explore des endroits liés à l'architecture. Elle joue avec des reflets, des effets de miroir. Tout est subtil, délicat, à fleur d'une émotion partagée, comme une confidence.

Quant aux paysages, ils se déroulent en nuances. Ils répandent leurs éléments en fragments subtils, juxtaposés en un mouvement continu, sensuel, apaisant. Ce réalisme-là est celui de la poésie : il dit vrai en suggérant de multiples interprétations.
  

Michel Voiturier
Janvier 2006

Exposition à l'Espace B

Texte de Arié Mandelbaum

Texte de Serge Meurant

Texte de Michel Voiturier

  
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