| Qu’il s’agisse d'aquarelle, dessin, sculpture, photo rehaussée ; Dominique Baudon procède au même questionnement sur l’image véhiculée et le rapport du regard à celle-ci. L’artiste s’empare des images-culte de l’Histoire de l’Art, de celles « vitrifiées » de notre société par les magazines, … Celles de la femme, de la maternité, du rapport de la mère à l’enfant, du couple,... Des aquarelles de corps nus, de chair diaphane où palpite encore l'émoi en efflorescence. Le sang afflue en sourdine dans les replis irisés par la couleur à l'eau. Dans un même esprit, Dominique Baudon travaille à partir de représentations iconoclastes pré-existantes de tableaux classiques ou contemporains dont elle prélève une partie. Celles-ci sont ensuite reproduites et multipliées pour être alors froissées, plissées,… collées pour devenir volume. « Cette variation permet de revenir aussi à cette idée de retour à des choses plus humaines, une expression peut-être travaillée dix, quinze, vingt fois et chaque fois le tableau se modifie rien que par le pli ajouté. C’est copier dans le sens que c’est la même image qui est travaillée chaque fois et que c’est le pli qui donne la différentiation… L’image signifie à chaque fois autre chose et ce, parce qu’il y a aussi tous les autres… » (interview de D.B. par Didier Decoux)  Pantins
Photo: Dominique Baudon On songe aussi à la réflexion de Gilles Deleuze dans son ouvrage Le Pli : «Le multiple ce n’est pas seulement ce qui a beaucoup de parties, mais ce qui est plié de beaucoup de façons ». Jamais à court d'idées neuves pour poursuivre son exploration du pli, Dominique Baudon photographie la paume de sa main repliée créant sillons, nervures, lignes, … sans cesse différents et multiples d'après l'envergure du geste. Ces photos sont ensuite rehaussées d'un dessin au feutre qui parcourt ces lignes de vie. De ses plis de chair naissent des lieux inédits. Le regard se perd et ne sait dans quelle partie du corps il fait incursion. Trouble, équivoque,... C'est la même préoccupation qui habite l'artiste quand elle crée ses « pantins » fabriqués à partir d'éléments de magazines glamour , aux pages de papier glacé qui nous renvoient l'image de la femme-mannequin. Elle articule ou désarticule nos préceptes visuels, les standards et canons féminins ou masculins de notre société. Dans chacune de ses approches, l'artiste exprime un engagement parfois féministe. Au-delà de techniques parfaitement maîtrisées, il appert une réflexion sur notre société, sur l'art,... Réflexion où se mêle humour, tendresse, inquiétude, cruauté, érotisme. Volonté de Dominique Baudon de dépasser une technique maîtrisée, de revenir au rôle de la « peinture » : s’arc-bouter sur le passé pour élargir un champ plastique neuf. Elle comme seul désir de se débarrasser des tendances artistiques, de remettre en questions les codes esthétiques assimilés, de les déjouer, de s'en jouer. « L’envie de transformer quelque chose qui paraissait évident par rapport à l’œuvre d’art. Désacraliser et en même temps revenir peut-être à une autre forme du sacré… » (D. B.) Dominique Baudon est une artiste qui possède une solide assise en histoire de l'art. Chacune de ses recherches plastiques, de ses préoccupations artistiques s'inscrit dans son prolongement. Née en 1961. Vit et travaille en Brabant wallon. Dominique Baudon a commencé à étudier le dessin à l’école nationale supérieure des arts visuels de La Cambre chez Pierre Lahaut pour ensuite de 1991 à 1996 suivre l’enseignement dans cette même discipline à l’académie de Beaux-Arts de Bruxelles chez Lucien Massaert. Elle a également approché la gravure en stage chez Gabriel Belgeonne. Elle a régulièrement participé à des expositions de groupes et quelques expos individuelles lui ont déjà été consacrées (Galerie Détour, Espace B, ...). L’artiste a également illustré des livres d’auteurs belges et étrangers : Eddy Devolder, Yves Haddad et travaillé avec des éditeurs (Esperluète, La Trame, La Martinière) Elle est actuellement professeur en création transdisciplinaire à l'académie d’Arlon et professeur à l'académie d'été de Libramont depuis 1993. Chantal Bauwens
Glabais, mars 2013
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